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16.00

Vidar sirotait le verre de rhum que le vieux loup de mer lui avait, comme à son habitude, servi à son insu. Les vapeurs de l’eau-de-vie lui montaient progressivement à la tête et réorganisaient avec bonheur le chantier de ses idées. Il fixa le plafond. Il ria intérieurement en pensant qu’au-dessus de son ravissant salon, il n’y avait qu’un tas de pierres qui faisait fuir les corbeaux. Au delà du crime atroce de l’avortement de masse, il considéra cet immonde et immense gâchis. Son esprit, bercé par les molécules câlines de l’alcool, se plut à imaginer ce qu’il ferait lui, s’il pouvait arracher tous ces petits êtres à leur funeste sort. Il réconcilierait Sparte et Athènes… des corps d’hoplite… des âmes de poète… tout à coup, Vidar se leva avec fracas. Sa chaise tomba à la renverse et son verre vide se brisa sur le sol. Il fit signe à Rocaboy de se mettre en route pour l’aéroport et partit sans un bagage pour New-York.

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Extraits

« Avec Ipogépolis, j’ai voulu concilier l’eugénisme et la morale, concilier la sélection naturelle du plus fort et la défense du plus faible, en un mot, concilier la réalité de la matière et la vérité de l’esprit. Pourquoi ? Parce que rien ne se fait sans force et que rien de grand ne se fait sans justice. Là-haut, nous n’étions que quelques étincelles, mais des étincelles stériles puisqu’il n’y avait plus de bois à embraser. Vous l’avez compris mes amis, aucune évolution positive de la société là-haut n’était physiquement possible, tout simplement parce qu’à part de minimes exceptions dont vous êtes, personne ne la souhaitait réellement. Pourquoi ? Parce que les hommes là-haut n’ont plus que des besoins, à peine ont-ils des désirs… mais ils n’ont plus la moindre volonté. Et la volonté de vivre mes amis, cela ne se décrète pas. Quand bien même une partie des Français et plus largement des Européens auraient cette volonté, ils ne trouveraient ni chef ni armée capables de déposer les traîtres, repousser les ennemis et reprendre les rênes de leur destinée. Divine ironie de l’Histoire, où avons-nous trouvé cette volonté de vivre qui va tout renverser sur son passage ? Nous l’avons trouvé dans les poubelles. Elle barbotait parmi les déchets … »

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