Extraits
La sans-dent
Excusez-moi joli jeune homme !
Vous n’auriez pas un petit sou ?
Je sais pas si vous savez comme
La vie peut êt’dure pour nous.
Son vieux corps était aussi maigre
Qu’un trognon de pomme rassis,
Elle cocotait le vinaigre,
Elle existait… de-là… de-ci.
Son ombre grêle et grignotée
Semblait être son seul abri,
Pauvre grand-mère cahotée !
Qui a la boue pour seul lambris.
On eut dit une adolescente
Qui aurait attendu cent ans…
Sur le seuil d’une nuit galante,
La venue d’un prince charmant.
Sa prestance aristocratique
Sur son trône noir de crachat,
Ébranla mon cœur erratique…
Qui désespère du rachat.
Cette élégance anachronique
Chez une mendiante surtout,
Prouve combien est ironique,
Ce siècle de fats et de fous.
Consolation
La terre a assez de beautés
Pour rendre la vie désirable,
Et bien assez d’atrocités
Pour que la mort soit agréable.
De même pour l’humanité,
Cette invention géniale et folle,
On pleure l’homme et sa bonté,
Mais sa barbarie nous console.
Si nous naissons tous en criant,
Nous mourrons souvent en silence…
Alors, vieillissez en riant !
Pour équilibrer la balance.
Rire ! voilà le grand secret !
Se moquer avec bienveillance,
De tout ce que le bon Dieu fait,
C’est notre suprême allégeance.
Excellent livre!
Meilleur recueil de poésie de ces 30 dernières années. Malheureusement c’est un style oublié et les gens lisent moins de poésie.
On en veut d’autres.